- 11 janvier 2024
- | Source: Foodprocess
Nouveau Nutri-Score: quels changements?
La Fevia analyse les évolutions en cours
L'évolution du Nutri-Score a fait couler beaucoup d'encre ces derniers temps, mais à quels changements faut-il s'attendre? Quelles perspectives d'avenir offrent-ils et clarifient-ils vraiment les choses pour le consommateur? La Fevia revient sur le sujet plus en détails.
Pas encore d'harmonisation au niveau européen
Fevia plaide depuis longtemps pour un système d'informations extralégales clair et transparent pour les consommateurs, développé sur une base scientifique au niveau européen. Le système Nutri-Score est actuellement approuvé par sept pays, dont la Belgique, ainsi que par la Suisse, qui n'est pas membre de l'Union européenne.
Pour les 21 autres pays de l'UE, le Nutri-Score n'est pas la norme et est même parfois interdit. Pour la Belgique, qui est un grand exportateur vers de nombreux pays européens, cela ne facilite pas la vie des producteurs, tant pour l'étiquetage que pour la composition de leurs produits. L'unanimité européenne ne serait donc pas de trop.
Les ajustements ont-ils vraiment un sens?
L'algorithme de calcul du Nutri-Score a été mis au point en France en 2017-2018. Sept ans plus tard, la Fevia constate la nécessité d'une analyse critique basée sur l'expérience accumulée et les développements scientifiques. Si certains ajustements sont positifs et rendent le Nutri-Score plus conforme aux recommandations nutritionnelles de plusieurs pays européens, d'autres posent question.
L'Unesda, la fédération européenne des fabricants de boissons non alcoolisées, critique le fait que des boissons sans sucre puissent se voir attribuer le Nutri-Score C. L'EDA, la fédération européenne des produits laitiers, regrette également que le nouveau système ne prenne pas en compte les recommandations nutritionnelles européennes, notamment pour les produits laitiers liquides et le lait. La poursuite du développement du Nutri-Score était judicieuse, voire nécessaire, mais le fait que la base scientifique du système n'ait pas été développée pour tous les types de produits est une occasion manquée, a déclaré la Fevia.
La période de transition est indispensable
La Fevia souhaite également protéger les entreprises du secteur alimentaire. En effet, certains semblent reprocher à l'industrie la période de transition de deux ans accordée aux entreprises pour procéder aux ajustements nécessaires. Or, selon la Fevia, cette période de transition va de soi. En effet, il semble impossible de garantir que tous les produits se retrouveront du jour au lendemain dans les magasins avec le nouveau Nutri-Score. Cela signifierait que tous les rayons des magasins devraient être vidés le 31 décembre, pour être réapprovisionnés en produits avec le nouveau Nutri-Score le 1er janvier.
Cela représenterait un énorme gaspillage, non seulement au niveau des magasins, mais aussi dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. De nombreux autres produits ayant une durée de conservation très longue, tels que les produits en conserve ou surgelés, ont été fabriqués avant même que la nouvelle méthodologie ne soit connue. Une longue période de transition est donc indispensable pour ces produits.
Une forte campagne de communication est nécessaire
Le SPF Santé publique estime que le Nutri-Score de 40% des produits devra être revu à la hausse ou à la baisse. Par conséquent, les consommateurs peuvent être confrontés à des Nutri-Scores différents pour un même (type de) produit sur une période plus ou moins longue. Le comité de pilotage des 7 pays européens a décidé qu'il était possible d'ajouter la mention "nouveau calcul" au logo, mais les modalités pratiques seront annoncées dans le courant du mois de janvier.
La Fevia déclare ne pas être d'accord avec cette approche pour les trois raisons suivantes:
- S'il y a un élément graphique, il doit évidemment être coordonné avec les différents pays. Or, à ce jour, il n'y a pas d'accord sur cet élément graphique et les produits avec le nouveau Nutri-Score sont sur le marché depuis le 1er janvier.
- Pour 60% des produits, le Nutri-Score ne doit pas être adapté. Ces produits doivent-ils également comporter l'élément graphique supplémentaire?
- Le choix du consommateur se fait en quelques secondes. Le fait qu'il tienne compte du Nutri-Score est un succès en soi. Afficher l'élément graphique à un endroit stratégique serait un véritable défi.
Au lieu d'un élément graphique supplémentaire, la Fevia préconise une communication forte et coordonnée de la part du gouvernement fédéral. Si le gouvernement est convaincu que le Nutri-Score peut apporter une contribution importante à des modes de vie sains, il devrait lui aussi prendre ses responsabilités en expliquant largement les changements. La France envisage une grande campagne de communication. En Belgique, le SPF Santé publique dispose actuellement d'un maigre budget.