- 02 janvier 2024
- | Source: Foodprocess
La Fevia appelle à un renforcement de l'écosystème alimentaire
Réponse à la récente étude de l'Observatoire des prix
La Fevia salue l'étude détaillée et nuancée de l'Observatoire des prix sur les prix à la consommation en Belgique, en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. Cependant, la fédération émet également quelques commentaires sur les résultats de l'étude.
En résumé, l'analyse montre que, selon le groupe de produits analysés, des conclusions différentes peuvent être tirées quant aux différences de niveaux de prix avec les pays voisins. Les produits de marque identique restent en moyenne plus chers en Belgique que dans les principaux pays voisins, tandis que les produits de marque privée et les aliments non transformés semblent moins chers.
La stratégie des détaillants explique les différences de prix
Selon l'Observatoire, "ces différences de résultats (...) semblent s'expliquer en grande partie par la stratégie de prix des détaillants et par la nature du paysage de la distribution en Belgique."
C'est évident, mais il est important de rappeler que les prix à la consommation sont fixés par les détaillants. Bien entendu, le prix d'achat des marchandises est un facteur important dans la détermination des prix en rayon. Bonne nouvelle: l'évolution des prix d'achat, moins prononcée chez nous que dans les pays voisins, est l'un des facteurs qui influencent à la baisse les prix à la consommation.
La part des achats de marchandises dans le chiffre d'affaires total est plus faible aujourd'hui qu'il y a dix ans. En revanche, la marge brute d'exploitation plus élevée des détaillants belges est l'un des facteurs de hausse des prix en Belgique.
Les autorités disposent de leviers pour faire baisser les prix
Parmi les autres facteurs expliquant la hausse des prix, l'Observatoire identifie presque exclusivement des leviers politiques: les coûts salariaux, la flexibilité du marché du travail, les coûts de l'électricité (2022), les accises et les taxes, le taux normal de TVA (par rapport à la France et à l'Allemagne) et l'étiquetage (législation sur les langues). Non seulement dans l'intérêt des consommateurs, mais aussi dans celui des producteurs et des détaillants alimentaires, notre gouvernement doit prendre des mesures urgentes pour créer des conditions de concurrence équitables.
Centrales d'achat: pression sur les fournisseurs
L'analyse se penche également sur l'importance des centrales d'achat, mais sans garantir qu'elles permettent effectivement de réduire les prix d'achat. Comme le rappelle également l'Observatoire, "l'objectif principal d'une centrale d'achat est de permettre à ses membres de renforcer leur pouvoir de négociation auprès des fournisseurs en regroupant leurs achats et en obtenant ainsi de meilleures conditions d'approvisionnement."
"Les centrales d'achat permettent également aux distributeurs d'influencer les services de coopération commerciale, en particulier les services de marge arrière. Il s'agit de la rémunération que les distributeurs reçoivent pour une série de services aux producteurs, tels que les droits de référencement, les remises et les commissions, les promotions et la visibilité des produits."
En d'autres termes, l'objectif des centrales d'achat est d'accroître la pression sur les fournisseurs... mais il n'y a aucune garantie que de meilleures conditions se reflètent à 100% dans les prix à la consommation. La question se pose également de savoir si le regroupement au sein d'une centrale d'achat n'a pas précisément pour but de contourner une législation nationale plus stricte.
Ce n'est pas pour rien que le législateur français a introduit avec la loi Egalim III une mesure pour pouvoir lutter contre l'évasion juridique, en rendant obligatoire l'application de la loi française et la compétence des tribunaux français, tant dans les relations commerciales que dans les négociations commerciales, pour tout produit destiné au marché français. En effet, l'arsenal juridique français offre aux fournisseurs une bien meilleure protection dans leurs relations commerciales avec la grande distribution que, par exemple, la loi belge sur les pratiques commerciales déloyales.
Les restrictions territoriales d'approvisionnement
Revenons une nouvelle fois sur un élément qui a déjà fait couler beaucoup d'encre sans consensus: les restrictions territoriales d'approvisionnement. Tout d'abord, il convient de préciser que les différences de prix à la production entre pays peuvent être justifiées par des arguments légitimes: composition différente des produits pour répondre aux goûts des consommateurs, emballage pour respecter les règles d'étiquetage (volontaires ou légales), stratégie de marketing...
Deuxièmement, pour illustrer cette soi-disant pratique, le même cas est cité à chaque fois. Cependant, ce schéma illustre surtout le fait que le nombre de cas est apparemment extrêmement limité et que la législation européenne actuelle interdit déjà la segmentation artificielle du marché intérieur européen.
Enfin, il convient de souligner que cette étude ne doit en aucun cas être utilisée pour justifier une course au prix le plus bas. Produire des aliments de qualité, innovants et sûrs implique des coûts incompressibles. Cette course au prix le plus bas exerce une pression insupportable sur les producteurs de denrées alimentaires - dont 96% sont des entreprises de moins de 100 employés - et directement ou indirectement sur les agriculteurs.
Au contraire, appuyons-nous sur les constats partagés de cette étude pour trouver ensemble des solutions qui renforcent structurellement notre chaîne agroalimentaire belge. Lisez l'étude complète ici.