"Il faut aller à la rencontre du cultivateur de cacao pour comprendre l'histoire derrière le chocolat"

Lorsque nous buvons notre tasse de café quotidienne ou mangeons un morceau de chocolat, nous ne pensons guère à l'origine du produit et au chemin complexe qu'il emprunte avant d'arriver dans nos assiettes. On le sait, nous allons devoir prendre davantage soin des plantations de cacao dans les années à venir, et ce, pour de nombreuses raisons. Devons-nous redouter une envolée des prix du chocolat? Dans un pays de chocolat comme la Belgique?

Une fève de cacao plus chère

Au cours des deux dernières années, nous avons parfois entendu parler du chocolat, et plus particulièrement des rapports des médias selon lesquels les fèves de cacao coûtent de plus en plus cher, d'autant plus que nous en consommons de plus en plus dans le monde entier, année après année. "Pas du tout d'accord", déclare Eddy Van Belle, PDG de Puratos/Belcolade. "Il s'agit surtout de prétextes pour faire gonfler artificiellement le prix du chocolat, mais il n'y a pas encore de pénurie dans le monde. Nous devons toutefois rester attentifs à certains facteurs. Par exemple, des maladies dans les plantations de Côte d'Ivoire, le plus grand producteur mondial, pourraient justifier une envolée des prix. Actuellement, nous constatons que la consommation de chocolat augmente en moyenne de 4% par an et que la production suit le même rythme."

Menaces potentielles

"Le réchauffement climatique pourrait devenir un adversaire plus important", déclare Peter Teerlinck, chargé de cours sur la transformation du chocolat à Ter Groene Poorte. "Le cacao est un produit très spécifique à une région. Si l'on dépasse de quelques kilomètres l'équateur, il devient déjà difficile de cultiver du cacao de qualité. Il faut alors déjà commencer à investir dans l'irrigation ou procéder aux ajustements nécessaires dans les plantations. Les plantations suivront l'évolution du climat."

Outre les menaces écologiques, les agriculteurs s'interrogent également sur la manière dont ils gagneront leur vie dans les années à venir. "Le commerce équitable, ça existe, mais ça ne représente qu'une part infime du marché", affirme M. Van Belle. "Les agriculteurs gagnent encore beaucoup trop peu. Avec le commerce équitable, les deux tiers de l'argent vont souvent aux organisations elles-mêmes, puis un peu aux coopératives et il ne reste pas grand-chose. Si nous voulons éviter que les agriculteurs vendent rapidement leurs récoltes à bas prix, nous devons miser sur la traçabilité du cacao. C'est la seule bonne solution."

bonus cacao

Cacao Trace s'efforce actuellement d'offrir aux agriculteurs le meilleur modèle de profit financier possible. "Nous avons le poids nécessaire auprès de Belcolade pour payer les fèves plus cher que ce que l'agriculteur obtient normalement. C'est aussi la raison pour laquelle nous achetons tout directement à l'agriculteur, nous fermentons et sécherons les haricots nous-mêmes et, dans la mesure du possible, nous écarterons les intermédiaires illégitimes afin que l'argent aille directement dans les mains de l'agriculteur. Pour obtenir de la qualité, il faut effectuer le plus de contrôles par nous-mêmes. Pour cela, nous payons plus cher, mais nous garantissons également aux agriculteurs que nous achetons la totalité de la production, souvent à un prix fixe."

"Il y a aussi le 'bonus cacao'. Par kilo de chocolat que nous produisons, nous versons à l'agriculteur une prime de 0,10 centime. Cela semble peu, mais sachez que le montant total est versé périodiquement et qu'il génère un revenu trois à quatre fois supérieur pour les familles. C'est vraiment une très bonne chose pour eux, ils n'ont jamais connu cela auparavant."

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